Ne pas hésiter à aller faire un tour dans la Forêt Interdite et à aller voir les Centaures, tel était le conseil que lui avait donné
@Sybil O'Farrell, la petite apprentie employée à la morgue de l'Hôpital pour sorciers Ste-Mangouste.
Ça lui ferait du bien, qu'elle disait, aussi, la p'tite.
Malgré toute la bonne volonté de l'ancienne élève de Gryffondor, le fils Hagrid n'était pas certain d'être en état de pouvoir aller faire un tour au fin fond de cette vieille forêt sombre qui bordait l'école de sorcellerie du pays de Shakespeare. C'est qu'il avait appris le décès de son père dans la matinée et, dans la journée, il avait retrouvé sa mère à l'Hôpital pour une visite à la morgue. Le fait de voir le corps sans vie de son père sur la table de la dite morgue, ça avait été assez violent et impressionnant pour le fils Hagrid. C'est que son père avait toujours été un bon vivant et un joyeux luron toujours prêt à raconter des histoires, à boire du thé et à manger des gâteaux, même si, on allait pas se mentir, ses talents culinaires étaient plus que médiocres - on ne pouvait pas être bon partout, ma foi! -, du coup, de la voir là, son pouls ne se captant plus et son cœur c'étant arrêté, c'était rue.
Vraiment trop rude. Le jeune demi-géant avait toujours naïvement espérer que son père guérirait. Ou que, tout du moins, il ne finirait pas entre quatre planches et pourrait finalement être autorisé à sortir de l'institut médicalisé. Sortir de l'institut médicalisé et retourner vivre dans sa cabane ronde, dans le parc gris et monotone de Poudlard, pour reprendre un semblant de sa vie normale, de sa vie d'avant. Sa vie d'avant la maladie et d'avant son hospitalisation. C'était vraiment naïf, n'est-ce pas? Dans tous les cas, le jeune garde-chasse et gardien des clés et des lieux s'en rendait compte, désormais. Quoi que, pour le coup et après réflexion, était-ce réellement de la naïveté? Est-ce que ça ne pouvait pas plutôt être une sorte de déni et de voilage de face? Ou un trop plein d'affection pour son vieux père qui l'empêchait de voir en face la réalité de son état qui s'aggravait de jour en jour? Surtout que ça n'avait fait qu'empirer depuis les événements de la Garden Party de Coqueline Chasnel, au début du mois, déjà que ça n'allait plus si fort que ça, depuis l'assassinat du professeur McGonagall... L'on pouvait donc dire que le vieux demi-géant avait bien morflé, depuis le début de l'année. Il y avait déjà une infinie tristesse, au fond de lui, depuis que l'on avait retrouvé les corps sans vie de Minerva et de la petite blonde des rouges et ors. L'angoisse de ne pas savoir où c'était volatilisé son fils durant les deux nuits qui avaient suivi l'événement organisé par la professeure de mode magique de l'Académie de magie française Beauxbâtons ne l'avait pas aidé et avait sans aucun dû aider à le faire passe de vie à trépas.
Est-ce que ça faisait mal, de mourir? Est-ce que ça l'avait angoissé, le père Hagrid, lorsqu'il c'était senti partir? Avait-il seulement compris qu'il était en train de mourir? S'en était-il rendu compte, qu'il était mort? S'en était-il
seulement rendu compte qu'il mourait? C'était-il endormi la veille au soir pour ne jamais se réveiller, au petit matin? C'était-il senti seul, à ce moment-là? Seul et abandonné de tous, ni son épouse, ni son fils, ni Marat, ni aucunes des bêtes et autres créatures qu'il avait toujours tant affectionné n'ayant été près de lui, lors de ce moment. Qu'est-ce qu'il y avait, après la mort? Des fantômes, certes, mais lorsque l'on ne devient pas un fantôme, comme cela semblait être le cas pour l'ancien garde-chasse, gardien des clés et des lieux et professeur de soins aux créatures magiques? Avait-il paniqué, voir même suffoqué, au moment fatidique? A quoi avait-il pensé? Avait-il seulement eu l'occasion de penser à quoi ou à qui que ce soit? Est-ce que c'était vrai que, lorsque l'on mourrait, on voyait un tunnel de lumière avec toutes les personnes décédées de notre entourage qui nous accueillait de l'autre côté? Comment c'était,
l'autre côté, d'ailleurs? Au fait, est-ce que ça existait vraiment, comme endroit?
Tant de questions que se posait le fils Hagrid, qui commençait alors tout juste à comprendre qu'il était désormais officiellement garde-chasse et gardien des clés et des lieux, vu que son père ne reviendrait désormais jamais au sein de l'école de sorcellerie anglaise Poudlard, et qui resterait sans doute aucun sans réponse d'aucune sorte. Pourtant, le personnel médical leur avait expliqué, à sa mère et à lui, que le chef de famille s'en était allé tranquillement, qu'il n'avait pas souffert et qu'il c'était
simplement endormi. Une mort sans souffre, somme toute! Mais les médicomages et les infirmiers en étaient-ils
vraiment certains? Qu'est-ce qu'y leur prouvait que le vieux Rubeus Hagrid qui avait vu passer des générations et des générations de jeunes sorciers et sorcières sous les fenêtres de ce que, à hauteur de moitié de géant, l'on pouvait très clairement définir comme sa
petite hutte ronde à la lisière de la Forêt Interdite, n'avait réellement pas souffert? Des questions. Encore et toujours des questions. Il y en avait beaucoup trop qui fusaient dans la tête du jeune demi-géant. Trop de questions qu'il ne put pas poser. Qu'il ne réussit tout bonnement pas à poser, pour être tout à fait honnête...! Et cette boule, qu'il avait au fin fond de la gorgée, est-ce qu'elle était normale? C'était comme s'il avait un nœud. Un nœud qui ne semblait pas prêt de vouloir se défaire. Se déferait-il seulement un jour? Et est-ce que c'était seulement humainement possible de se sentir aussi triste et aussi battu? Oui? D'accord, très bien. C'était normal, alors. Qu'il arrête donc de s'en faire! Et cet étau qui lui enserrait le cœur? C'était normal aussi? Oui? Alors très bien! Ça lui faisait bizarre, tout de même, au fils Hagrid, de ressentir tout ce chagrin. Il n'avait jamais pensé que ça puisse être possible ou que ça puisse seulement lui arriver. Comme quoi, il ne faut jamais dire
jamais...
Après le passage à la morgue de l'Hôpital Ste-Mangouste, le jeune garde-chasse et gardien des clés et des lieux avait décidé de suivre le conseil de la petite Sybil et de se rendre dans la Forêt Interdite. Il était allé cherché Marat, son berger australien rouge tricolore, dans sa cabane, avant de s'enfoncer au milieu des arbres sombres, serrés les uns contre les autres, et peu avenant. Il se laissa aller là où ses pas le menaient, sans but précis, sans réellement regarder là où il allait. Le risque qu'il se perde et qu'il n'arrive jamais à retrouver son chemin pour rentrer au château? Malgré son état de chagrin intense, le risque que ça arrive était minime.
Très minime, même si, on le sait tous, que le risque zéro n'existe pas. Mais, dans cette forêt sombre, n'y avait-il pas grandi? N'y avait-il pas été élevé? Il la connaissait à peu près comme sa poche, donc pour qu'il s'y perde, il fallait vraiment y allait. Sa plus grand hantise avait toujours été de trouver le moyen d'y faire une mauvaise chute, de ne pas pouvoir retourner à l'école et d'agoniser là où il était, donc se perdre, franchement, si ça venait à arriver, c'était bel et bien le dernier de ses soucis. Pour peu qu'il face parti de la liste de ses soucis actuels... Mais, pour le moment, il se laissait aller en s'enfonçant de plus en plus sur les chemins sinueux de cette étrange et réputée dangereuse forêt.
Le craquement des branches et des feuilles sous ses chaussures et le léger tremblement du sol sous ses pas et ceux de son chien qui avançait devant lui, presque tout le temps dans son sillage. De temps en temps, lorsqu'il s'éloignait trop et qu'il ne voyait plus son meilleur ami à deux pattes, le berger australien rouge tricolore s'arrêtait, se retournait, laissait échapper un jappement ou un aboiement et l'attendait patiemment. C'est que le demi-géant n'avançait pas très rapidement, aujourd'hui. Après un énième arrêt pour l'attendre, lorsque le fils Hagrid fut à sa hauteur, Marat fourra son museau dans la main de ce dernier. Percy se laissa aller à lui grattouiller le dessous du menton. Il eut l'impression de ressentir une réelle tristesse et une réelle compassion, de la part de son ami à quatre pattes. N'était-ce d'ailleurs pas lui qui c'était mis à pleurer à mort, très tôt dans la matinée, lorsqu'il avait senti que le père Hagrid n'était plus? Qu'on ne vienne donc pas dire au fils Hagrid que les animaux et les créatures magiques n'étaient pas capables de ressentir des sentiments et des émotions! Il reprit sa marche, avant de sentir l'odeur chevaline typique du clan de Centaure, plusieurs mètres plus loin. Il ne les voyait pas, mais sentait leur odeur et le mouvement de leurs sabots martelant le sol. Au vu de la distance, n'importe qui d'autre, n'importe quel sorcier
normal - entendez par là qui n'a pas subi une hybridation quelconque, surtout celle avec des géants -, ne les aurait sans doute aucun pas senti d'aucune façon que ce soit, que ce soit par l'odorat ou le toucher mais le jeune Hagrid, lui, y était parfaitement arrivé. Sans la moindre difficulté, qui plus est! Les créatures ayant un torse d'homme et un corps de cheval devaient sans doute aucun pourchasser une Accromentule ou un autre prédateur qui avait dû vouloir s'essayer à entrer dans leur campement. Le jeune homme se mit donc en quête, tel un chasseur traquant sa proie, de trouver le chemin exact où ils étaient passés et de les suivre. Lorsque, finalement, il les trouva finalement à l'orée d'une clairière. Il les senti grandement frustré, vu qu'ils n'avaient pas l'air d'avoir réussi à aller au bout de ce qu'ils voulaient faire. Ce fut Firenze qui remarqua la présence du fils Hagrid, sous le couvert des arbres. Comme ils se connaissaient depuis toujours, le vieux Centaure s'approcha. Instinctivement, le demi-géant compris qu'il n'avait rien besoin de dire, que celui qu'il considérait un peu comme un oncle avait compris. Qu'il avait compris que le père Hagrid ne reviendrait plus dans ces bois. Et comme si c'était toujours instinctif, il ressenti la tristesse profonde qui envahi l'homme-cheval à ce moment précis...